Résumés

Faute de goût
LUNDI 10 MARS, 19h00, Conférence

  

Comment le cerveau goûte-il le monde?
Alan Carleton (Faculté de médecine, UNIGE)
Les troubles de la gustation
Basile Landis (Hôpitaux Universitaires de Genève)
Depuis l'enfance nous goûtons le monde en mettant en contact des aliments ou des objets avec notre bouche. Depuis les récepteurs de notre bouche, l'information sur la nature du goût chemine dans notre cerveau le long de nombreux câbles pour atteindre le cortex cérébral. C'est dans cette région que se crée la représentation mentale d'un goût. Comment notre cortex représente-il les différents goûts et comment notre expérience sensorielle peut-elle transformer l'activité cérébrale?
Avec l’olfaction, la gustation humaine fait partie des sens chimiques. La gustation contient les entités sucrées, salé, amer, acide et glutamate (umami). Les connaissances médicales et physiologiques du goût ont longtemps été mal investiguées et sont relativement peu connues. Depuis environ une quinzaine d’années, les connaissances physiologiques ont pu être étendues à l’aide de la biologie moléculaire. En parallèle, les développements cliniques ont permis de mieux caractériser et identifier les troubles de la gustation. Un résumé des connaissances sur le fonctionnement, les origines des troubles du goût, ainsi que de possibles traitements sont présentés.
Sommes nous tous nez égaux?
MARDI 11 MARS, 19H00, Conférence

  

Génétique et olfaction: une histoire d'inégalités
Ivan Rodriguez (Faculté des sciences, UNIGE)
Chimie de la madeleine : universalité et variabilité des émotions olfactives
Sylvain Delplanque (Faculté de psychologie et de sciences de l'éducation et Centre interfacultaire en sciences affectives)
La représentation du monde qui nous entoure est construite sur la base des informations que nos sens transmettent au cerveau. Ces sens utilisent des senseurs, des outils moléculaires variés qui résultent des mécanismes de sélection de l'évolution. Le système olfactif est un gros utilisateur de ces senseurs, qui sont chez l'homme le produit de centaines de gènes différents. Il se trouve que nous, humains, n'avons pas tous hérité des mêmes gènes olfactifs. Ce tirage au sort nous rend inégaux face au monde chimique dans lequel nous baignons, et produit donc des individus dont la perception de l'environnement, c'est-à-dire la représentation du monde, est variable.
Entre madeleine de Proust et chimie, comment la recherche actuelle explique qu’une odeur soit agréable ou désagréable ? Existe-t-il des odeurs universellement plaisantes ou déplaisantes ? Peut on prédire qu’un parfum sera aimé ? Le sera-t-il pour toutes les cultures ? Voilà un certain nombre de questions qui seront abordées durant cette conférence. Illustrée par un grand nombre d’exemples et de résultats récents de la recherche, l’objectif de cette présentation sera de présenter la manière dont les chercheurs mesurent les émotions liées aux odeurs, questionnent l’universalité des réponses affectives et expliquent l’existence d’une si grande variabilité individuelle.
De la gourmandise à l'addiction
MERCREDI 12 MARS, 19h00, Table ronde

  

Comment le cerveau voit la nourriture
Ulrike Toepel (Départements des Neurosciences Cliniques et Radiologie, CHUV-UNIL)
Le syndrome du gourmand
Theodor Landis (Faculté de médecine, UNIGE)
En raison de la prévalence croissante de l’obésité et du défi que cela représente en matière de santé publique, une meilleure compréhension des processus comportementaux et cérébraux liés à la nourriture sont nécessaires. Nous vous présenterons des résultats de recherche de notre équipe, qui investigue la façon dont le cerveau réagit aux aliments à valeur énergétique variée, si le cerveau des hommes et des femmes répond différemment à la vue de nourriture et comment le poids corporel influence les processus cérébraux face à la nourriture.
Le syndrome du gourmand est un nouveau trouble de l'alimentation associé à des lésions impliquant des régions de l'hémisphère cérébral droit antérieur. Ce syndrome engendre une préoccupation importante à l'égard de la nourriture et une préférence pour les mets raffinés. Il a été identifié pour la première fois dans les années 1980 par Théodor Landis et son équipe. L'analyse des données cliniques et anatomiques de 36 patients qui présentaient ce comportement a révélé, chez 34 d'entre eux, une lésion dans la partie antérieure droite du cerveau impliquant des aires corticales, les noyaux gris centraux ou les structures limbiques. Ces résultats confortent l'idée de l'existence d'un lien entre des dommages de l'hémisphère droit et le comportement alimentaire ainsi d'autres troubles du contrôle des impulsions.
L'addiction alimentaire
Daniele Zullino (Hôpitaux Universitaires de Genève)
Des données épidémiologiques, génétiques et cliniques suggèrent des liens entre certains troubles du comportement alimentaire (notamment la boulimie et l’hyperphagie boulimique) et les conduites addictives. Ainsi l’addiction et la boulimie partagent certains critères diagnostiques: désir compulsif de consommer, difficultés à contrôler la consommation, préoccupation persistante concernant le produit, poursuite du comportement malgré une prise de conscience du problème. Par ailleurs on a pu constater des mécanismes neurobiologiques similaires sous-jacents aux deux types de problème. Des études d'imagerie cérébrale ont relevé un chevauchement de circuits neuronaux spécifiques au renforcement comportemental enclenchant ainsi des processus d’automatisation comportementale. Le rapprochement entre ces deux domaines de recherche pourra permettre un enrichissement mutuel en matière de traitement.
Le cerveau au coeur de l'obésité
JEUDI 13 MARS, 19h00, Conférence

  

Le cerveau au cœur de l'obésité
Daniela Cota (INSERM U862, Bordeaux, France)
Une prise alimentaire adéquate est essentielle pour la survie de l'individu et de l'espèce et un repas sain est primordial pour assurer la santé et le bien-être de chacun. Cependant et malgré une telle évidence, il est clair que les maladies associées à la nutrition sont actuellement en hausse. Parmi celles-ci, l'obésité représente un des défis de santé publique les plus importants du 21e siècle. Pendant les 25 dernières années, les taux d'obésité ont augmenté de plus de 3 fois dans de nombreux pays européens. À présent, plus de 1.3 milliards de personnes dans le monde sont en surpoids ou obèses. Il a été suggéré que la prédisposition des individus, un environnement promouvant la consommation de nourriture riche en calories et le comportement sédentaire jouaient un rôle dans cette « épidémie » alarmante. Cependant, les causes précises restent complexes à déterminer. De plus, compte tenu du coût économique et social de l’obésité, il est urgent de trouver des traitements pharmacologiques efficaces. Le cerveau est le chef d’orchestre reconnu du comportement alimentaire, recevant continuellement des informations sur le statut énergétique de l'organisme et coordonnant la prise alimentaire et l'utilisation par le corps de l’énergie apportée par les aliments. Il répond à une grande variété de stimuli externes liés à la disponibilité et à l’appétence des aliments. Parmi les structures cérébrales impliquées dans la régulation de la prise alimentaire et du poids corporel, l'hypothalamus joue un rôle clé. Cette conférence illustrera comment les circuits neuronaux de l'hypothalamus contrôlent le comportement alimentaire et comment ces circuits pourraient représenter des cibles potentielles pour le traitement de l'obésité.
Inévitables apprentissages: empreintes olfactives du début de vie
VENDREDI 14 MARS, 19h00, Conférence

  

Inévitables apprentissages: empreintes olfactives du début de vie
Benoist Schaal (Centre des Sciences du Goût, CNRS, Dijon)
Notre condition de mammifère nous impose d’être captifs du corps maternel pendant les périodesutérineet néonatalede notre développement. Par sa physiologie et ses conduites, la mère filtre alors ce qu’elle transmet au fœtus et au nouveau-né, de sorte que l’environnement sensoriel précoce est constitué d’impressions fortement atténuées. Mais ces apports sensoriels sont suffisants pour influencer les structures et les fonctions cérébrales, et y laisser des traces plus ou moins persistantes. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux transferts materno-fœtaux d’informations portés par l’olfaction. Nous aborderons comment ceux-ci peuvent modeler les aptitudes fonctionnelles fœtales, tant au niveau nerveux que cognitif, et comment ils conditionnent les réponses adaptatives du nouveau-né. Les effets à plus long terme seront envisagés chez l’enfant, voire l’adulte, dans différents contextes de comportements motivés, tels que les préférences alimentaires ou les conduites addictives.